ORIGIN early 17th cent.: via French from Italian gazzetta, originally gazeta de la novità (because the news-sheet sold for a gazeta, a Venetian coin of small value)


Thursday, June 4, 2009

Une soirée à moi avec un roman parfait


Récemment, j'ai eu la chance d'avoir une soirée à moi pour la lecture d'un roman parfait. Il s'agit de L'Elégance du hérisson de Muriel Barbery.  

Ce roman pétillant et incisif relate la merveilleuse et mystérieuse histoire de Madame Michel, concierge d'un immeuble parisien très chic que tous les occupants croient banale, car pour eux, elle ne peut être que la concierge typique sans intérêt. Ce qu'ils ne savent pas, ce qu'ils ne voient pas, c'est que  derrière ses airs revêches et mal fagotés se dissimule un esprit lumineux, une philosophe, une savante même, une critique non seulement littéraire mais aussi musicale, cinématographique, et en plus, sociologue qui sait décortiquer au couteau aiguisé les moeurs de société, une femme qui lit Marx, Husserl, et Kant, une métaphysicienne au coeur! Les familles qui vivent au 7 rue de Grenelle passent devant elle, jour après jour, année après année, et ne la voient pas. Ils ne la verront jamais car ces grands pontes industriels, ces députés importants, cette élite sortie des meilleures écoles, tous imbus de leur propre importance, n'en sont pas capables. En parallèle de l'histoire de Madame Michel, une autre voix raconte la sienne : il s'agit de Paloma, une petite fille de 12 ans d'une maturité précoce qui habite le même immeuble. Les deux récits s'entrecroisent lors de l'arrivée de Monsieur Ozu, le grand perturbateur du status quo.  La lecture de l'histoire de Madame Michel, de Paloma, de Monsieur Ozu ainsi que de tous les autres personnages qui respirent tout au long de ces pages, m'a entièrement ravie. J'ai ouvert le livre à 17h et je l'ai fermé à minuit. J'en ai oublié de manger! A la place, j'ai dégusté un livre écrit dans un français élégant comme l'on déguste un délice raffiné, et sa lecture m'a procurée une sensation de bonheur, de légèreté, et de satisfaction. J'y ai trouvé d'autant plus de bonheur que Madame Michel, Paloma, et Monsieur Ozu sont des méticuleux, des tâtillons, des scrupuleux - des amoureux - de la beauté de la langue de Molière. Un petit détail qui m'a fait plaisir : tous trois comprennent que la grammaire n'existe pas pour que nous parlions et écrivions bien, mais plutôt pour nous montrer la beauté de la langue que nous adorons. Je me suis particulièrement régalée avec l'histoire de la virgule et celle de "pallier à ça". D'ailleurs, ces trois personnages sont unis par une sensibilité à la Beauté ainsi que par une réflexion constante sur le sens de la vie : "...beaucoup de désespoir, mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est plus le même...un toujours dans le jamais...", dira Paloma.

Tout au long de ma soirée, je dégustais ce livre comme un mets savoureux tant il y avait des références qui trouvaient écho en moi :
-Je suis amatrice de thé ainsi qu'une grand fan de cinéma.
-Faire rentrer les camélias au coeur de l'histoire était pour moi une note pleine de grâce car mon grand-père louisianais les cultivait.
-Comprendre un peu plus les complexités des strates de la société française est d'une grande utilité car naviguer ces eaux périlleuses n'a jamais été chose facile pour l'américaine-née que je suis.
-"N'ayez qu'une amie, mais choisissez-la bien" : cette belle phrase limpide, prononcée par Madame Michel, reste inoubliable.
-En littérature comme dans la vie, j'aime les filles intelligentes voire surdouées à qui l'on ne raconte pas d'histoires. La scène avec le psychothérapeute vaut, à elle seule, le prix du livre !
-Après avoir (enfin) lu Anna Karénine de Léon Tolstoï il y a deux étés, ma vie de lectrice est plus riche. Ma lecture de L'Elégance du hérisson en a été rendue plus profonde par le simple fait de connaître (et d'aimer) l'histoire et les personnages de Tolstoï. 


Pour conclure, ce roman émouvant et drôle me fait jubiler. Aux réflexions de Madame Michel lorsqu'elle embroche ceux qui l'entourent par ses observations acerbes mais toutefois pleines d'humour, je ris et j'applaudis. Aux angoisses et tâtonnements de Paloma, j'approuve et je compatis. A la délicatesse et à la sensibilité de Monsieur Ozu, je suis émue et je pleure. Conte de fées? Pas vraiment, car le "happy ending" n'est pas au rendez-vous. Roman parfait? Oui, car Muriel Barbery y rassemble humour, intelligence, poésie, culture, personnages, et belle histoire avec une élégance de grand écrivain.