Vendredi soir, Delphine de Vigan m'a parlé. Pas personnellement: simplement, je me trouvais dans l'assistance à une conférence qu'elle donnait à l'Alliance Francaise de Washington, au sujet de son livre No et moi. Tout comme son écriture m'avait plu lorsque que j'avais lu ce livre il y a un an, cette femme m'a plu. Finesse, délicatesse, force, clarté, simplicité, complexité : ce sont ces mots qui me viennent en tête lorsque je me remémore sa causerie. Elle a parlé du processus d'écriture et bien qu'elle soit un écrivain établi, publié déjà six fois depuis dix ans, écrivant des romans pour adultes, et connaissant un grand succès en France et à l'étranger, eh bien, moi, je me suis sentie de tout cœur avec elle lorsqu'elle a parlé de la démarche d'écriture, car je suis écrivain aussi, débutant certes, écrivant pour les enfants avec une toute première publication prévue pour août 2010, mais malgré ces grands écarts, je me suis reconnue complètement dans sa démarche. Elle m'a tenue en haleine dès le début de sa causerie grâce à ces deux remarques-ci : elle tenait un journal dès son adolescence jusqu'à 29 ans, et elle n'a arrêté cette pratique qu'avec l'arrivée de ses enfants et la vie de mère très prenante. Elle porte un noyau d'idée très longtemps en tête avant d'écrire le premier mot.
Voici ses livres :
Jours sans faim 2001
Les jolis garçons 2005 (Prix littéraire Saint Valentin)
Un soir de décembre 2007
No et moi 2007 (Prix des libraires) (Prix Rotary International)
Sous le manteau 2008
Les heures souterraines 2009 (Prix Darcos)
Pendant l'écriture de ses premiers romans, elle exerçait un métier de cadre dans un institut de sondage, donc, elle travaillait le jour et écrivait la nuit. Mais le succès de No et moi a tout changé. Aujourd'hui, elle peut vivre de sa plume : plus de 100.000 exemplaires de vendus, No et moi a été traduit en vingt langues, et un projet de cinéma est en cours. Cette histoire raconte la rencontre entre Lou, une adolescente de treize ans, précoce et surdouée, vivant chez des parents qui ont vécu la mort d'un enfant, et No, une jeune femme de 18 ans, sans domicile fixe, que Lou essaie d'aider. A travers le personnage de No, Delphine de Vigan nous oblige à regarder en face nos attitudes envers tout ceux que nous rencontrons au fils des jours qui sont marginalisés par la perte de domicile, mais plus largement et plus profondément par la perte d'identité.
Vendredi soir, elle a cherché à répondre à la question : comment naissent les romans? On brasse des idées, on retient une phrase, on note un titre. La nuit, à tout moment, on est en éveil, c'est un mouvement perpétuel, une façon particulière d'absorber les choses. Pour l'histoire de No et moi, il y a eu un moment déclencheur. Sur son chemin pour aller au travail tous les jours, Delphine voyait des gens sans abri, et au fil du temps, la presence de femmes très jeunes l'a interpellée. Leur image l'a hantée et l'idée est née : c'était le point de départ. Elle fait ensuite une recherche sur la précarité et sur le phénomène du rajeunissement et la féminisation des personnes sans domicile fixe. Entre la naissance de l'idée et la rédaction, il y a l'incubation. Les questions suivantes se posent : quel point de vue, quel narratif. Ensuite, ça se "débroussaille" et les choses s'éclaircissent. Elle a imaginé la rencontre entre Lou, précoce et surdouée, et en conséquence marginalisée, dont la maman est dépressive, et No, la jeune SDF. Et en cherchant la voix, elle trouve la voie. Elle veut que son texte soit simple, musical et singulier, tout à la fois. Ecrire, dit Delphine de Vigan, c'est comme tricoter. On démarre, on monte ses mailles. On travaille mais parfois le tricot prend des formes tout à fait inattendues. Quand on écrit un livre, c'est la même chose : on démarre, on monte ses personnages, son intrigue, mais on ne sait pas toujours où l'écriture nous mènera. La construction d'un roman, c'est comme monter des Legos, une brique après l'autre. Une fois la construction faite, un auteur a envie d'accompagner son livre, aller au devant des lecteurs. C'est vraiment un travail de cœur.
Delphine de Vigan a mentionné que souvent la presse et le monde de l'édition aiment bien cataloguer. Elle serait ainsi une romancière "intime", "sociale", "engagée" mais elle ne veut pas être limitée par ces étiquettes. Ce qui est sûr, c'est que son écriture est lyrique, féminine, élégiaque. Je n'ai pas osé lui demander quelle était l'idée qui mûrissait actuellement dans sa tête, mais je m'attends à ce qu'elle nous étonne encore. C'est une femme à la pensée originale qui n'a que faire de ce qui "se vendrait". Heureusement pour nous, ses lecteurs.
Quelle douce bavarde ! Quelle fine raconteuse ! Quel plaisir de l'écouter bavarder et raconter ! Cette soirée a passé bien trop vite : je l'aurai bien écoutée davantage.
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Hola como esta amigos? yo se la tema es differente pero quise compartir con usted!excursiones en estambul
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